Portrait | Karim Belmokhtar

Chargé de projet principal, recherche et innovation


« Le destin, le hasard? Je ne cherche pas à comprendre parce que je sais que je suis à la bonne place. »

 

Karim est né en Algérie. Enfant, c’est à lui que revenait la responsabilité d’opérer la génératrice diesel qui fournissait à la famille les quelques heures d’électricité quotidiennes. Pour Karim, des données comme 200 000 Canadiens non reliés à un réseau électrique intégré ou 1 milliard de personnes dans le monde privées d’électricité résonnent, lourdes de sens. Il ne savait pas toutefois que la vie, avec tout ce qu’elle comprend de signes et de hasards, l’amènerait un jour à travailler pour assurer au plus grand nombre un approvisionnement énergétique fiable et propre.

Dès la maternelle, Karim est premier de classe et il le restera tout au long de son parcours scolaire. Après avoir obtenu son baccalauréat, une invention de Napoléon, souligne-t-il, il est dirigé vers un tronc commun en technologie, alors que lui, c’est médecine qu’il voulait faire. Pour Karim, il s’agissait là d’une première frustration, mais comme il le dit si bien : « dans mon pays, c’est ainsi que ça se passe, et puis c’était un signe, sans doute! »

Après une pause pour des raisons familiales, Karim décide de partir vers la France, bien déterminé à y poursuivre ses études. Après avoir obtenu une maîtrise, il se présente au doctorat, et bien qu’il soit présélectionné avec mention d’excellence, sa demande échoue en raison de son âge… Karim a plus de 25 ans. Deuxième frustration : « J’étais frustré! Très déçu », avoue-t-il. Alors, lorsqu’un ami lui propose de venir travailler à Montréal comme ingénieur, Karim accepte volontiers et se prépare à immigrer.

Trouver sa voie

Karim ne peut toutefois oublier le rêve qu’entretenait son père de le voir détenir un jour un doctorat. C’est d’ailleurs avec cette promesse à l’esprit qu’il se décide à communiquer avec un professeur de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Ce professeur qu’il avait trouvé sur Google lui propose alors un projet. Il n’en fallait pas plus, le signe était clair. Karim fera un doctorat!

À son arrivée au Canada, Karim est littéralement happé par son projet de recherche portant sur l’application, pour le transport, de contrôle avancé d’un moteur avec onduleur multiniveaux. C’est d’ailleurs ce projet de recherche qui l’amènera sur la voie des énergies renouvelables. Et ce sera l’étincelle… Depuis, Karim est totalement absorbé, fasciné, par la question des énergies renouvelables et de l’approvisionnement des collectivités.

Absorbé? Pour Karim, être absorbé signifie travailler 14 à 15 heures par jour, boucler un doctorat en 3 ans plutôt qu’en 5, travailler le jour et la nuit tout en étant père de sa famille.

« Si c’est calme, je m’ennuie. »

« Aller en Gaspésie : je ne savais même pas où c’est »!

Lorsqu’il a été convoqué en entrevue chez Nergica, Karim ne se souvenait même pas d’y avoir postulé. Il a eu beau chercher dans tous ses courriels : aucune trace. Un signe? Peut-être. Toujours est-il qu’il s’y est pointé, en pleine tempête, un certain vendredi 13 décembre 2013 à 13 h. Décidément!

Le défi l’a intéressé, le franc-parler du directeur général l’a séduit et il y avait là des chercheurs auxquels ils s’intéressaient depuis un moment déjà. Alors pourquoi pas?

« Pour moi, Gaspé, ça été comme une 2e migration. »

Karim a toujours été convaincu que toutes les conditions étaient réunies pour que Nergica devienne un acteur majeur de la transition énergétique, du moins, au Canada et il est fier d’y contribuer. « Le Canada m’a fait confiance, il m’a ouvert des portes, c’est maintenant à moi de redonner un peu. »

En somme, Karim carbure aux nouveaux défis et avec tous les projets qui sont actuellement sur sa table de travail, il y trouve son compte, pour le plus grand bonheur de ses collègues et de l’organisation. Entre autres projets, Karim orchestre Opten, un ambitieux programme de recherche qui regroupe des partenaires tous azimuts autour de l’intégration intelligente des énergies renouvelables dans les microréseaux.

« Je suis fier de voir que je peux rallier des collègues et des partenaires autour de projets communs, même si au fond, je suis timide », avoue Karim.

Aujourd’hui, Karim est satisfait, et pour cause. Il a réalisé avec brio le rêve de son père et il considère humblement qu’il a fait ce qu’il devait faire… et que la vie a fait le reste.