La communauté de Gesgapegiag se tourne vers les énergies renouvelables

Le leadership de la communauté de Gesgapegiag rayonne au cœur de la Gaspésie

 

Lieu immanquable sur la route 299, qui traverse le parc national de la Gaspésie, et étape bien connue des amateurs de plein air et des motoneigistes, le Relais de la Cache est aussi en voie de marquer les mémoires pour ses innovations en matière d’énergie renouvelable.

Depuis l’été 2021, grâce à un microréseau comprenant un parc solaire de 108 panneaux solaires installés avec l’aide de Nergica, ce complexe touristique exploité par la communauté mi’gmaq de Gesgapegiag de s’alimente en électricité de source verte.

Le Relais de la Cache et son parc solaire

Photo: Radio-Canada / Isabelle Larose

 

Un investissement pour un avenir plus vert

 

En raison de sa localisation isolée, le Relais de la Cache ne peut être relié au réseau d’Hydro-Québec. C’est pourquoi, jusqu’à tout récemment, il avait recours à la combustion d’énergies fossiles. Le microréseau comprenant trois installations solaires photovoltaïques d’une puissance totale de 43,7 kW devrait combler de 80 à 100 % des besoins énergétiques du complexe, ce qui se traduira par une réduction de sa consommation de diesel de 10 000 à 12 000 litres par année. C’est l’émission de 27 000 à 32 000 kg de CO2 qui sera ainsi évitée annuellement. Les panneaux sont disposés de manière à capter les rayons du soleil du lever au coucher. Le microréseau est aussi doté d’un système de stockage par batteries lithium-ion totalisant 307 kWh qui garantit une autonomie de deux jours en électricité.

Un système de stockage thermique a également été intégré au microréseau. Il comprend deux chaudières, l’une au propane et l’autre à l’électricité, qui fournissent de la chaleur et de l’eau chaude pour combler les besoins du bâtiment. L’une des particularités de l’installation du Relais de la Cache consiste en la présence de deux réseaux intégrés, un électrique et un thermique. Selon Mauricio Higuita Cano, chargé de projet à Nergica, il s’agit d’un projet unique à l’échelle de la Gaspésie.

En cas de nécessité absolue, deux génératrices au propane peuvent permettre de répondre à la demande en électricité et de charger les batteries si le système solaire ne suffisait plus.

Schéma du microréseau installé au Relais de la Cache.

 

Une innovation technologique à l’initiative de la communauté

Soucieuse de son empreinte écologique et consciente des effets néfastes des génératrices au diesel pour l’environnement, la communauté de Gesgapegiag a établi un partenariat avec Nergica pour se tourner vers les énergies renouvelables. Estimé à 1,3 million de dollars, ce projet a été réalisé avec l’aide de Ressources naturelles Canada et de l’Institut de développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador. Nergica accompagne la communauté de Gesgapegiag dans le volet technique du projet, c’est-à-dire dans la conception, la construction et l’installation du microréseau.

 

Précurseure et modèle d’innovation

 

Par ce projet, Gesgapegiag veut développer son expertise en matière de production d’énergie propre et de consommation efficace de l’énergie. La communauté souhaite que l’intégration d’énergies renouvelables au Relais de la Cache devienne un modèle qui pourrait être reproduit par d’autres Premières Nations ainsi que sur des sites hors réseau au Canada. « Je veux que les autres communautés du Québec ou même du Canada, quand elles voient ça […], se disent «Wow ! Nous aussi on peut faire ça» », a déclaré Bonnie Jerome, employée du secteur du développement économique de Gesgapegiag, au micro de Radio-Canada.

C’est justement pour accroître leurs connaissances que des membres de la communauté ont participé à toutes les phases du projet. Nergica formera aussi des membres de la communauté afin qu’ils puissent s’approprier les différents composants du système dans la gestion et dans l’exploitation du microréseau. À ce sujet, Pierre Beaudoin, chargé de projet à Nergica ayant lui aussi travaillé sur cette installation, explique qu’une vingtaine de personnes ont pris part à cette initiative et ont ainsi acquis des compétences techniques. Gesgapegiag pourra transférer ses connaissances et conseiller les autres communautés sur la façon d’intégrer des énergies renouvelables dans leur milieu. Gesgapegiag et Nergica sont déjà engagés dans le transfert de connaissances et la mobilisation d’autres collectivités pour le remplacement de génératrices diesels par des alternatives vertes. Par exemple Bonnie Jerome et l’équipe de Nergica ont présentés les solutions techniques disponibles pour les communautés isolées ainsi que les leçons apprises lors du projet du Relais de la Cache au courant de la conférence organisée par l’Institut de développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador (IDDPNQL) en février 2021.

Bonnie Jerome témoigne de la qualité de la relation et de la collaboration avec les chargés de projet de Nergica.

Photo: Radio-Canada / Isabelle Larose

 

Projet de recherche en cours

 

Des instruments de mesure permettant la cueillette de données météorologiques, de production et de consommation ont également été intégrés aux installations. Grâce à ces équipements, il sera possible de mettre au point un contrôleur intelligent capable d’anticiper la demande en énergie et la production énergétique de la ressource solaire en se basant sur les modèles de prévision. Le but de ce projet de recherche découlant de l’installation du microréseau au Relais de la Cache est d’obtenir le plus haut taux de pénétration des énergies renouvelables et d’assurer une gestion optimale du système de stockage par batteries et thermique.

Installation du parc solaire au Relais de la Cache.

Photo : https://marlac.ca/en

 

Lieu touristique privilégié au cœur d’un cadre idyllique, étape essentielle pour les voyageurs et maintenant curiosité technologique et modèle écologique pour d’autres communautés, le Relais de la Cache n’a pas fini de faire parler de lui !

L’installation du microréseau du Relais de la Cache a fait l’objet d’un article de Radio-Canada qui peut être consulté ici et d’un reportage qui peut être visionné ou écouté.

Auteur(s) :